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Catégorie : Vie et Sciences de l'Entreprise 200

Vie et Sciences de l'Entreprise 200Dans un contexte économique très évolutif fait de transitions, d’incertitudes, de pertes de repères et d’affaiblissement de la croissance conjuguée à l’amplification de la désindustrialisation conséquence inévitable de l’émergence d’une société de services, comment garder espoir et confiance ? Tout simplement en fêtant le 200ème numéro et les 63 ans d'existence de Vie et Sciences de l'Entreprise (VSE). Loin de la retraite, nôtre revue, tout en préservant son originalité, représente une des rares revues offrant un espace d’échange entre les spécialistes des deux disciplines que constituent l’économie et la gestion. Ce positionnement explique parfaitement une telle longévité car elle s’efforce d’être présente de façon vive et intéressante. VSE ne se contente pas d’être témoin des questions abordées, elle prône l’action.  Créée en 1953 sous le titre « Vie et Sciences Economiques » elle a diffusé la pensée d’auteurs réputés comme Alain Aftalion, Raymond Barre...

Devant l’intérêt croissant pour « VSE » et les demandes réitérées de jeunes chercheurs et enseignants-chercheurs nous sollicitant pour y publier leurs travaux de recherche, en 2010, notre revue est devenue « Vie et Sciences de l'Entreprise » pour traduire son évolution éditoriale et appliquer un processus de sélection des articles selon les standards des meilleures revues scientifiques. La rédaction est heureuse de vous présenter le sommaire de ce numéro 200. Comme vous pourrez le constater l’interdisciplinarité et l’actualité sont de mise tout en suscitant curiosité, ouverture d’esprit et qualité de la recherche. Ce numéro exceptionnel 200 se compose de trois parties :

Cinq articles sont présentés dans la première partie :

Sous le titre : « Cop 21 : Quelle stratégie de lutte contre le changement dessine l’accord de Paris ? », Patrice Geoffron soulève des questions centrales. Quelques mois plus tard à quoi servira la signature de l'accord de Paris à l’ONU ? Est-il vraiment historique ? Cette mobilisation a été un temps fort de mise en réseau et de motivation pour les acteurs, mais comment imaginer la suite ? Si la question de l’urgence climatique continue à imprégner les décideurs, les acquis et le cap ambitieux de l'accord de Paris soulèvent l'espoir de sauver le climat, mais, sur une route encore longue ! Les échéances lointaines ne seront-elles pas une cause de l’oubli des engagements ? De plus, certains points de vigilance restent à confirmer : l’objectif global chiffré de réduction des gaz n’a pas été inscrit dans le traité. Ensuite, il faudrarendre l’accord vraiment contraignant et donner un prix au carbone. Enfin, la neutralité carbone est un objectif à atteindre après 2050. Nous partageons, aussi, la conclusion de l’auteur qui s’interroge sur l’impact d’une économie globalisée sur cette nécessaire transition énergétique.

Stéphane Trébucq dans son article : « La Chaire Capital Humain de l’Université de Bordeaux : une approche autoethnographique du concept et sa mesure » nous livre ses questionnements sur la valorisation du capital humain dans l’entreprise. L’évaluation comptable de ce capital humain est au cœur des préoccupations de nombreux chercheurs depuis une cinquantaine d’années. Compte tenu des évolutions des référentiels comptables des différents pays, il n’a pas, peu ou prou, trouvé sa traduction dans les comptes des entreprises. L’auteur nous propose, ici, une revue de littérature exhaustive sur les différentes recherches engagées. Sans doute oublie-t-on trop souvent qu’une entreprise n’est pas seulement une somme d’actifs matériels présents au bilan et témoins du passé plus ou moins glorieux de celle-ci, mais aussi et surtout des hommes avec des compétences, des connaissances, un savoir-faire, une énergie.

Christophe Legrenzi, dans son article intitulé : « Informatique, numérique et système d’information : définitions, périmètres et enjeux économiques », nous propose des formulations nécessaires pour mieux comprendre ces concepts technologiques ainsi que leurs domaines d’activités. Il dresse, par ailleurs, l’état des impacts et des enjeux de ces transitions qui affecteront l’ensemble de nos économies. Après la transition climatique, voici venu le temps de la transition numérique. Sommes-nous bien préparés aux conséquences de ces multiples évolutions ?

Christophe Assens & Joëlle Ensminger nous proposent : « Une typologie des systèmes d’affaires : de la confiance territoriale aux plateformes sur internet ». Un prolongement de l’article précédent consacré à la multiplicité des « modèles d’affaires » générés par l’implantation des technologies en territoires. Une approche conçue sous le signe de la confiance dans la réalisation des affaires hors champ des risques de l’économie de marché.

Yvon Pesqueux dans son article : « L’innovation entre tradition et nouveauté » adossé à de multiples références historiques nous entraine dans une profonde réflexion sur le concept de « culture organisationnelle ». Une approche qui permet de repositionner, l’innovation dans le chainage : recherche fondamentale, recherche appliquée, recherche développement…. Il convient de comprendre dans quelles conditions elle se trouve stimulée et quels sont ses impacts dans la sphère économique. Il importe, toutefois, d’analyser les comportements et les responsabilités de la firme, et de la société civile dans la recherche de la nouveauté à tout prix. Aux confins de l’histoire, de la sociologie et du management, la culture organisationnelle exposée dans cet article nous explique pourquoi l’innovation est, hélas, trop souvent constatée plus qu’analysée.
Un débat de fond pour que s’établissent la confiance et peut être la croissance économique !

Dans le cadre de la seconde partie consacrée aux tribunes libres, Pierre Battini, présente sous le titre : « La problématique de l’innovation en France » une analyse de la situation sans concession. Chiffres et exemples à l’appui, l’auteur tente de nous convaincre que la France est un pays innovant. Avec objectivité, il constate que la France occupe un positionnement très en amont, plus recherche et brevets que développement et marchés. C’est donc un pays qui ne tire pas profit de ses réussites à l’image de la citation de Robert Solow Prix Nobel d’Economie 1987 qui disait : « je vois des ordinateurs partout sauf dans le produit intérieur brut ». Paradoxe, la France n’apparaît jamais bien classée par rapport aux autres pays : classée 11è en Europe et 23è dans le monde. Et pourtant nous détenons un système de soutien public de l’innovation sans comparaison dans le monde entier. Mais, de nombreux disfonctionnements, une administration tentaculaire et paralysante et des financements très insuffisants expliquent principalement ces mauvaises positions par rapport à des concurrents qui n’affrontent pas les mêmes obstacles. Pourtant les solutions pour un meilleur classement sont connues... il ne resterait qu’à les mettre en œuvre pour obtenir les meilleurs résultats pour notre économie et notre développement. Doit-on attendre de reculer encore dans ces classements pour réagir !

Second point de vue d’experts, l’article d’Emmanuel Fremiot et de Claire Auplat, intitulé : « Nanotechnologies et capital-investissement : une relation équivoque pour le financement des start-ups ». Une présentation qui s’inscrit, parfaitement, dans les préoccupations de Pierre Battini, à savoir, le financement du chaînon manquant dans le cadre de l’article précédent. Les avancées scientifiques dans ce domaine ne cessent de progresser et les « nano Tech » se retrouvent presque partout (industries, santé…) et n’attendent qu’à être commercialement exploitées. Mais leur essor est freiné par de multiples barrières : sociétales (préventions des risques sanitaires et environnementaux), réglementaires associées à l’évaluation des risques et de marché du fait de leur intensivité capitalistique. Pourtant, elles ouvrent de nouvelles perspectives économiques en termes de compétitivité et d’emploi. Mieux financées (le capital-développement ne représente que 4% des besoins en fonds propres des start-ups européennes du domaine), elles pourraient constituer une réponse aux défis de demain tel que le développement durable ou les enjeux de santé...

Ce numéro 200 perpétue la tradition en offrant au lecteur, sous la plume avisée de Daniel Bretones et Jean-Jacques Pluchart, un panorama des publications récentes en matière de management, de gestion et d’économie.

Nous vous remercions de votre fidélité en formulant l’espoir que vous aurez à cœur de diffuser et de parler largement de ce numéro 200 qui s’est efforcé, en toute modestie, mais avec pertinence, d’apporter sa contribution dans la compréhension des transitions à venir. Notre époque nous incite à entreprendre une quête du sens et à la nécessité de retrouver des repères pour l’action. La recherche perpétuelle de croissance et de l’accumulation des profits, longtemps, considérées comme suffisantes pour donner une signification à la production n’est plus une fin viable à long terme. Nous assistons, probablement, à la fin du mythe de la croissance éternelle dans un monde où les conséquences sociales de la transition numérique et climatique sont incertaines : nous allons devoir apprendre à élargir notre conception du progrès. Apprenons, donc, avec sérénité à comprendre et à maîtriser ces incertitudes. En France, pays des lumières, les passions l’emportent, souvent, sur la raison. Entre éthique, déontologie, bonne gouvernance, intégrité, qu’en est-il de la confiance envers les organisations. Comment, agir face à l’accélération du rythme des mutations technologiques ? Victor Hugo nous rappelait-il pas : « La grande erreur de notre temps, ça été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien-être matériel…Il faut relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, vers le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société ». C’est, probablement, avec une telle sagesse que confiance et croissance renaîtront ! Mais, il est temps d’agir.