L’auteur constate que le champ de la décision publique ne cesse de se restreindre. Les appareils judiciaires et les autorités de régulation sont indépendants du pouvoir politique. Les gouvernements se montent largement impuissants à résorber le chômage, à traiter les crises financières, à protéger l’environnement, à intégrer le marché européen, à accueillir les migrants… « Le traitement du monde comme une marchandise » suscite de plus en plus d’interrogations de la part des opinions publiques sur les voies de recherche de « biens communs ». Ces derniers recouvrent la planète, l’eau, l’air, la biodiversité, le patrimoine, la connaissance… La notion de biens communs est toutefois subjective, car elle dépend des désirs de chacun, plutôt orientés vers le travail ou les loisirs, la consommation ou la solidarité, la laïcité ou la religion… Afin d’écarter « ce voile d’ignorance », Jean Tirole invite chacun à appliquer une méthode initiée au XVIIIe siècle par Thomas Hobbes et John Locke, et perpétuée par Rousseau, Kant, Rawls, Harsanyi…, consistant à imaginer l’organisation concrète de la société dans laquelle on souhaiterait vivre, ainsi que la position que l’on souhaiterait y occuper. L’auteur montre que les citoyens – quel que soit leurs statuts sociaux et leurs métiers – sont soumis à un nombre croissant d’incitations émises par des institutions de l’économie de marché. Ces incitations doivent être au service de la préservation des biens communs par l'encadrement de ses usages privatifs. La science économique n’a pas pour objet de définir les biens communs, mais plutôt de montrer les enjeux attachés à leur préservation et de construire les outils permettant de mieux les gérer. Elle est donc au service de la gouvernance des biens communs, intermédiaires entre le « Tout Etat » et le « Tout marché ».
Économie du bien commun Jean Tirole
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- Écrit par Jean-Jacques Pluchart
- Catégorie : Notes de lecture Vie et Sciences de l'Entreprise 201