L’ouvrage collectif (rédigé par des sociologues du CNRS) soulève la question de l’influence des sciences économiques sur la réalité contemporaine. Les auteurs soulignent l’importance prise aujourd’hui par les notions d’énoncé performatif (Austin, Searle, Callon) – défini comme un « discours qui modifie l’état du monde » -, de prophétie auto-réalisatrice (Keynes, Merton) – qui recouvre une « prédiction modifiant des comportements » -, de convention (Favereau) – ou « sens de l’intérêt commun », de norme – ou guide de prise décision » - d’idéologie (Sobel) – ou représentation idéalisée de la réalité par un groupe social dominant… Le discours économique est perçu à la fois comme une convention scientifique et comme un acte social. Il propose une grille de lecture des phénomènes économiques afin de les modifier. Il est « explicitement descriptif et implicitement performatif ». Il ne « performe » la réalité socio-économique que si les conventions adoptées et les dispositifs (modèles, statistiques…) appliqués, émanent d’économistes légitimes et sont adaptés aux publics visés et aux circonstances affrontées. Les auteurs appliquent ces concepts à plusieurs exemples : une analyse critique du livre de Polanyi sur « la grande transformation » de l’Occident ; l’influence de la formule de Black-Scholes de valorisation des instruments financiers (1973) sur les comportements des traders ; les effets des discours économiques relatifs à la crise des subprimes de 2007-2008 sur la régulation des marchés financiers…
Une lecture à la fois exigeante et éclairante sur la nouvelle science économique.
L’économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique Amboise B., Salle G., Sobel R.
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- Écrit par Jean-Jacques Pluchart
- Catégorie : Notes de lecture Vie et Sciences de l'Entreprise 201