Dans son dernier essai, Pascal Bruckner livre une réflexion originale, à la fois philosophique et morale, sur le tabou français de l’argent. Il en dresse la généalogie, citant Platon – « l’argent corrompt les âmes » -, Aristote – « l’argent  est nécessaire » -, les Pères de l’Eglise, qui condamnent l’argent contrairement aux théologiens du judaïsme, de l’Islam et du protestantisme. Sous l’ancien régime, la noblesse méprise  l’argent produit par le travail. Au Siècle des Lumières, l’argent oppose Voltaire à Rousseau. Les grands auteurs du XIXe siècle, comme Balzac et Zola, en décrivent les excès. L’auteur constate que la plupart des Présidents de la Ve république ont affiché une certaine défiance vis-à-vis de l’argent. Les économistes français comme Piketty,  dénoncent les inégalités entre les revenus et les patrimoines. L’opinion française dans sa majorité  renie ses élites, fustige la réussite professionnelle et dénonce le capitalisme financier.  Selon l’auteur, l’argent est à la fois un libérateur et un despote.  Seule une « révolution morale »  lui redonnera sa vraie place.