Dans cet ouvrage, l’auteur cherche à répondre à une question qui va bien au-delà de sa dimension économique : comment se fait-il que nous assistions, partout dans le monde, à une résurgence des pensées réactionnaires et des fondamentalismes, alors que notre planète connait une ère de prospérité comme elle n’en a jamais connue ? Contre toute évidence, il semble que plus le progrès avance au bénéfice du plus grand nombre, plus il est remis en cause. Pour Pierre BENTATA, ce paradoxe n’est que la résurgence d’un débat, ouvert au 18ème siècle, entre les Lumières et les anti-Lumières : d’un côté, le principe de la Raison individuelle souveraine favorise le progrès économique et social en même temps qu’il affranchit l’Homme ; de l’autre, cet affranchissement tend à couper l’Homme de tout ce qui permet de le définir : ses racines, ses traditions et son groupe d’appartenance. A l’époque actuelle, cela donne la liberté, la prospérité et la globalisation mais aussi les « transhumanistes » qui, par excès de liberté, poussent la logique scientifique à son extrême, avec la fusion de l’Homme et de la machine. En réaction, cela engendre les fondamentalistes qui, par défaut de liberté, exigent la soumission de l’individu au groupe et à la tradition. Au fond, explique l’auteur, les deux parties commettent la même erreur, celle de considérer leur idéal comme un absolu qu’ils doivent imposer, alors que l’Homme ne peut exister que dans une tension permanente entre désir de liberté individuelle et conscience de ce monde auquel il appartient. L’ouvrage se termine donc sur une « petite sagesse tragique », tentative de conciliation de ces deux impératifs par l’abandon du désir stérile d’absolu.

Pierre Bentata est économiste, professeur à l’ESC Troyes, dirigeant de Rinzen Conseil et cofondateur du Cercle de Belem.