L’auteur passe au crible 42 ans de louvoiement des gouvernements face à une nécessaire orthodoxie budgétaire, ce qui a conduit finalement à un gonflement de la dette globale de notre pays, passant de 14,5% du PIB en 1974, à 97,6 % en 2016. Après Raymond Barre, et à partir de 1981, la France est rarement descendue en dessous de 2% du PIB en déficit public annuel, allant même jusqu’à atteindre 7,2% sous Nicolas Sarkozy en 2009. C’est ce qu’il appelle le gâchis français, sur la base d’occasions manquées, et d’illusions, qualifiées de mensonges économiques. Il nous narre tout cela dans le détail des actions des pouvoirs successifs. Sont en cause pour lui d’une part la tentation de recourir à des politiques de relance héritées du keynésianisme sous différentes versions, reaganienne ou rooseveltienne, avant de revenir à une attitude libérale monétariste ; et d’autre part l’incapacité à provisionner les redressements des finances publiques dans les occasions de cycle haut, alors que les périodes où celles-ci sont plombées sont inéluctables. A côté des cycles de basse conjoncture en effet, des périodes d’accroissements plus lourdes de dépense publique sont intervenues, en conséquence d’évènements exogènes tels que renchérissement du pétrole, dollar, yo-yo des taux d’intérêts US, guerre au proche orient ou crise économique suite à crise de liquidité. De plus, les gouvernements successifs ont rarement réussi à se faire réélire, soit par une simple incohérence de leur action préélectorale, soit par ces erreurs d’appréciation des évolutions du cycle économique. Ce qui a nui à la continuité des actions gouvernementales. Pourtant, à chaque étape de révélation européenne des difficultés budgétaires, les gouvernements ont fait appel à des experts, (généralement des X-ENSAE, comme J-M Daniel), qui ont bien conclu que des phases de rigueur budgétaire en cycle haut devraient s’imposer. Les recommandations de ces derniers, ont été régulièrement ignorées sous couvert de priorité à l’emploi. C’est après bien des rodomontades et des atermoiements que le projet européen, porté par François Mitterrand (et son 3%), a d’abord pris corps sur le plan monétaire avec l’Euro, et ce qui a finalement enjoint les dirigeants à respecter le TSCG depuis 2013 et donc à limiter les déficits publics à 1% du PIB. Oui, mais pour atteindre en plus les 0,5% du PIB de déficit structurel maximum de ce traité, il faut faire beaucoup plus compte tenu du passif, en incluant les intérêts de la dette à couvrir. Il est alors urgent de diminuer la dépense publique, en évitant les matraquages fiscaux, et de libérer le marché du travail des rigidités salariales et du temps de travail afin de résorber le chômage ; enfin de s’attaquer à la question des retraites, tous régimes confondus y compris dans la fonction publique.
Notes de lecture Vie et Sciences de l'Entreprise 204
Le gachis Français. 40 ans de mensonges économiques, Jean-Marc Daniel, Eds Tallandier- 286 pages.
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- Écrit par Jean-Jacques PLUCHART Professeur émérite à l’université Paris I Panthéon Sorbonne
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