Le conflit permanent entre le progrès et la Société a souvent été vécu dans l’histoire comme l’appropriation, par les dirigeants et les grandes entreprises, des avancées scientifiques. Pour le duo d’auteurs, il s’agit d’éviter que les entreprises imposent leur choix au monde au détriment des puissances publiques, dans tous les domaines de notre vie sociale et privée. Le numérique qui aujourd’hui ouvre semble-t-il d’exceptionnelles perspectives, s’accompagne aussi de risques. Bien d’autres domaines scientifiques sont aussi concernés, la génétique, l’énergie, les nanotechnologies. L’autre risque est le système de domination que semble avoir installé les GAFA. Aussi la question à laquelle les auteurs apportent de remarquables éclairages est de savoir comment maîtriser, via la concertation internationale et la puissance publique, ces grandes entreprises technologiques. « …ré humaniser le monde, casser les monopoles technologiques, redéfinir l’éthique mondiale, remettre la technologie au service de la prospérité… », telles sont les principales propositions que livrent les auteurs au terme d’une analyse très documentée et particulièrement lumineuse pour ouvrir la voie vers « une nouvelle puissance publique » pour garantir une vie sociale et privée à chaque homme qu’il soit puissant ou modeste parmi les modestes. C’est aux politiques, sous toutes leurs formes, qu’il revient de fixer ces règles si déterminantes pour les générations à venir, tout simplement parce qu’ils sont, en règle générale, l’expression des volontés collectives. Le progrès scientifique doit créer les conditions du progrès économique et social conçu pour le bien de tous et non pas l’objet de prophéties de qui que ce soit. Telle est l’exigence de la nouvelle condition humaine que les auteurs appellent de leurs vœux. C’est aussi l’avenir de notre liberté.