L’auteur retrace le chemin qui, depuis la seconde guerre mondiale, nous a menés à l’ère de « l’empire » américain, dont la mondialisation n’est que l’expression économique. Il explique comment, par l’exercice de son pouvoir politico-militaire et économique, l’un renforçant l’autre sur fond de « soft power », les Etats-Unis, en échange d’un prélèvement économique et monétaire considérable jugé de loin préférable au chaos et aux guerres, sont devenus les gardiens d’une paix et d’une prospérité mondiale relative et d’un équilibre aussi bien politique qu’économique délicat. En remodelant l’architecture économique et financière internationale depuis plus d’un demi-siècle via le financement de leurs déficits par le reste du monde, l’Amérique a jeté les bases d’une vaste croissance économique à travers une mondialisation keynésienne. En transformant son « pouvoir d’expropriation » en « pouvoir d’achat » à travers l’importance grandissante des marchés financiers internationaux basés sur le dollar et la libre circulation des capitaux, elle a permis de mobiliser les économies du monde entier dans une dynamique de croissance centrée autour des Etats Unis. L’auteur reprend pas à pas les grandes étapes historiques de cette mutation du monde vers l’empire du dollar, des chocs pétroliers à la fin du système de Bretton Woods, de l’effondrement de l’empire soviétique à l’émergence d’une Chine atelier du monde en passant par la création de la zone Euro, de la naissance d’une oligarchie politique et financière mondiale soucieuse de prolonger sans limite le cycle d’expansion économique et financière jusqu’aux crises économiques et bancaires des années 2000 dont les effets perdurent. L’auteur décortique la gestation des équilibres, déséquilibres et turbulences mondiales actuels et s’interroge sur la possibilité d’une prospérité qui n’entraverait pas la liberté économique mais s’accompagnerait de la mise en place de filets sociaux qui permettraient de lutter efficacement contre la précarité et le dumping social, y compris en Amérique, au moment où les Etats piliers du monde actuel font face à des responsabilités grandissantes du fait de l’instabilité sécuritaire, des crises financières, de la montée des inégalités et de la précarité sociale.
Notes de lecture Vie et Sciences de l'Entreprise 204
Mondialisation. La mort d’une utopie, Fouad Khoury-Helou, Eds Calman Levy, 303 pages.
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- Écrit par Jean-Jacques PLUCHART Professeur émérite à l’université Paris I Panthéon Sorbonne
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