L’auteur (ex dirigeant d’Alstom) raconte, avec l’assistance de M. Aron (reporter à l’Obs.), comment la justice américaine utilise la législation en faveur de la lutte anticorruption pour prendre des « otages économiques » et exercer un « chantage » sur la direction d’Alstom et le gouvernement français, afin de favoriser la prise de contrôle de la branche énergie d’Alstom par le groupe GE. La pression est exercée par l’emprisonnement de F. Pierruci et la menace d’une lourde peine de prison s’il plaide coupable, dénonce sa société pour corruption et l’expose ainsi à de lourdes amendes. Cette nouvelle forme de guerre commerciale a permis au fisc américain de récupérer plus de 14 milliards $ auprès des grandes firmes européennes. Ces actions de déstabilisation se multiplient partout dans le monde, comme en atteste l’arrestation récente de C. Ghosn au Japon.
Le récit de F. Pierruci est éclairant sur les pratiques exercées par le gouvernement et la justice des Etats-Unis pour prendre le contrôle des fleurons industriels européens. Il illustre le passage d’une influence souple (soft power) à une influence durcie (rough power) fondée sur la lutte anti-corruption et contre la fraude. Il révèle la gravité des risques encourus par les dirigeants des entreprises et l’importance de la conformité aux réglementations anti-corruption.