Cet éditorial recense les contributions du numéro 218, de la revue Vie & Sciences de l’Entreprise (VSE). Ce numéro, qui comprend un nombre de contributions académiques grandissant avec 8 articles et 2 tribunes est révélateur des questionnements RSE du monde académique à travers la place grandissante donnée aux parties prenantes tant internes qu’externes. Il se focalise sur la proximité sociale, dans un contexte post-covid avec la volonté de gérer les enjeux sociétaux et managériaux au niveau local auprès des parties prenantes du territoire. Le travail de recherche publié dans ce numéro est dense ; il vient témoigner de la fécondité des travaux adressés à la revue VSE. Les corédacteurs en chef de la revue se sont alors modestement efforcés de contribuer à la diffusion du savoir RSE à l’ensemble de la communauté scientifique des Sciences de Gestion à travers ce processus de publication. Ce travail est le signe que les Sciences de Gestion et du Management s’exercent collectivement et que les parties prenantes de proximité y jouent un rôle prépondérant dans le contexte post-covid. Nous avons beaucoup de fierté à vous présenter ici les principales contributions de ce numéro 218. Vous y trouverez une cohérence des thématiques abordées avec des chercheurs et praticiens d’horizons différents, qui s’accordent sur la nécessité d’une préservation conjointe de l’environnement et de l’humain et non une compétition de ces deux piliers de la RSE. Le comité éditorial est, par ailleurs, composé d’individualités qui, bien entendu, s’inscrivent dans des spécialisations avec des accointances perceptibles dans nos propres publications. Cependant, nous nous efforçons de garder une ouverture indispensable à la pluralité des débats scientifiques afin d’y refléter la diversité des débats scientifiques en cours en Sciences de Gestion et du Management. C’est ainsi que l’approche par la recherche-intervention est présentée comme une démarche méthodologique pertinente pour étudier en mode rapproché les décisions managériales post-covid, en lien avec les parties prenantes ancrées dans le territoire inhérent aux organisations. Le débat d’idée est ainsi la base d’une communauté scientifique riche, dynamique et finalement progressiste. VSE a toujours cherché à s’inscrire dans cette démarche d’ouverture scientifique. Les approches dogmatiques sont à l’origine de débats stériles dans le sens où la confrontation des travaux des uns et des autres ne peuvent que venir renforcer l’intérêt de la Science. C’est dans cet esprit que nous vous proposons ici les principales contributions intellectuelles de ce numéro 218 dont nous espérons que vous pourrez y prendre plaisir en les parcourant ou en les prolongeant par des recherches académiques à publier dans les futurs VSE !
Francesc Relano et Elisabeth Paulet ont ainsi pu réaliser un article sur le « Risques globaux et dynamiques régionales dans le secteur bancaire face au défi climatique : Chronique d’une faillite annoncée ? ». Les enjeux climatiques y sont traités de façon centrale, en corrélation avec le financement bancaire. En effet, si les enjeux climatiques affectent la santé des entreprises au travers du financement bancaire, l’activité de crédit et d’investissement influence le changement climatique.
Guillaume Plaisance a, quant à lui, écrit un article intitulé « A l’approche de Paris 2024, que sait-on de la gouvernance et de la performance des Jeux Olympiques ? Une critique de l’approche actuelle du CIO ». Il s’intéresse aux décisions du CIO dans le contexte des Jeux Olympiques de Paris, à travers une gouvernance ouverte à ses parties prenantes. L’auteur montre qu’une ouverture au concept de performance globale et une approche collaborative, menant à la cohabitation du contrôle et de la qualité de la relation avec les parties prenantes, sont des conditions nécessaires à une bonne gouvernance du CIO.
Saïd Sefiani produit dans ce numéro de VSE un article portant sur prise de décision éthique : « La prise de décision de lancement d’alerte : quels cadres théoriques pour les Sciences de Gestion ? ». Cette revue de la littérature académique soulève la problématique du jugement dans le processus de décision éthique et du lancement d’alerte des cadres en situation dilemme. Le modèle de Jones (1991), issu de cette revue de la littérature, est très souvent considéré à portée psycho-sociale. Il présente l’intérêt de pouvoir décrire les fondements de la prise de position de l’individu au sein même de l’organisation et par extension auprès des parties prenantes externes dans un ensemble de contextes supposé être exhaustif.
Justine Ballon et Marius Chevallier ont orienté leur travail sur « Quelle recherche-action participative au service de la démocratie participative à Railcoop ? Retour sur une expérimentation ». A travers une recherche-action participante ils ont étudié la complexité de la gouvernance des Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif à travers l’association de plusieurs parties prenantes. Ce sont particulièrement les cercles de sociétaires qui sont appréhendés. L’article débouche sur la proposition d’amener une démarche de RAP dans les pratiques de la coopérative pas uniquement au niveau du cercle gouvernance.
Françoise Goter, Pierrick Gouart et Rébecca Robert ont pu travailler dans une démarche méthodologique similaire, à partir de 5 recherches-interventions, sur une thématique portant sur « Les enjeux du développement de la sensibilité économique des collaborateurs de TPE ». Le contexte économique et social des TPE est relativement critique durant la période post-covid avec le retour de l’inflation des matières premières et de l’énergie. La recherche menée étudie la perception des dispositifs de pilotage et l’évaluation des coûts cachés. L’article produit conclut que les collaborateurs peuvent s’impliquer dans les enjeux économiques, sous réserve d’une implantation progressive et ludique d’outils et d’indicateurs, et d’un niveau de cohésion et d’autorité du dirigeant minimal.
Noémie Le Gloahec a réalisé un article sur « L’intelligence collective, un outil au service de l’identité professionnelle des assistants sociaux du secteur public ». La recherche menée met en exergue l’intelligence collective qui apparait comme une pratique de management novatrice peu exploitée car contraignante et peu opérationnelle. L’enquête menée au sein d’un service d’action sociale d’une collectivité territoriale a cherché à approfondir les contours et l’évolution de l’identité professionnelle des assistants sociaux et de mieux comprendre, grâce à une étude qualitative, l’impact des pratiques d’intelligence collective sur cette identité professionnelle. Les résultats trouvés permettent de définir l’identité professionnelle des assistants sociaux, de relever leurs valeurs et de mieux appréhender l’intelligence collective.
Raphaël de Vittoris et Carole Bousquet ont, quant à eux, écrit un article en anglais intitulé « Facing Covid-19 : Let’s be organizationally resilient, let’s go « Glocal ». Ils s’intéressent également aux conséquences post covid. Ils étudient, à travers une recherche-intervention, les cellules de crise locales mises en place par une multinationale et mettent en valeur les concepts de résilience et de « glocal » comme facteurs de ressourcement des multinationales dans un contexte de réorganisation post covid. Ils concluent à la nécessité de développer une organisation de gestion de crise adaptée pour faire face aux crises complexes et multicouches à venir.
Asma Ait Bounssiyal et Doha Sahraoui Bentaleb ont également écrit un article en anglais intitulé « Professional journeys in the moroccan context : Investigating the intersectional dynamics of women executives ». Elles s’intéressent aux trajectoires professionnelles des femmes cadres à travers une étude qualitative exploratoire. Elles identifient des facteurs individuels, contextuels, culturels et séquentielles pour mieux comprendre la complexité de ces trajectoires.
Ce numéro 218 se termine par 2 tribunes d’experts qui s’intéressent ici également aux parties prenantes avec les contributions d’Arnaud Lacan dans une perspective humaniste, « Ce que la période de Covid-19 nous a appris sur la gestion de l’Autre : Un éclairage postmoderne sur management et leadership », et de Bernard Guillon, dans une perspective conséquentialiste à partir d’un bilan des productions académiques à travers le Colloque Oriane, « Paradoxes en matière de lutte contre la fraude ».