Toute l’équipe de rédaction est particulièrement fière de vous présenter ce numéro de VSE 219 qui traite des enjeux actuels et futurs de notre société. Les articles sélectionnés et publiés interrogent sur les défis actuels auxquels nous sommes tous confrontés, qu’il s’agisse de questions liées à la santé, à l’alimentation, aux modalités de gestion de la qualité de la relation à l’emploi dans des contextes organisationnels en constante évolution, les méthodes de coopération sur un territoire ou encore l’empreinte des entreprises familiales sur les pratiques managériales.

Le contexte de crise économique, liée à l’inflation des prix ou encore à l’appauvrissement des populations, participe à la détérioration des conditions de vie, que cela renvoie à l’hygiène de vie ou encore à nos conditions de travail. VSE est une revue qui s’intéresse aux questions qui traitent de la vie de nos concitoyens en intégrant les sciences de l’entreprise. Ces dernières participent de manière plus ou moins directe à dessiner un environnement sociétal prospère ou dégradé. Les articles que nous présentons investiguent l’impact des pratiques managériales sur un territoire. Il devient difficile d’ignorer ces relations étant donné les conséquences négatives visibles qui émergent progressivement et qui génèrent des dégradations à la fois sur la faune et la flore, mais aussi sur la santé des personnes, et de manière sociétale, sur notre capacité à vivre ensemble. En effet, il devient impératif de requestionner le rôle fondamental de l’Etat sur ses responsabilités vis-à-vis des citoyens, en ce qui concerne des problématiques essentielles liées à l’éducation, la santé, la qualité de vie, la prise en charge des plus fragiles d’entre nous, le système de répartition des richesses ou encore la sécurité. Les entreprises doivent agir sous le regard attentif du gouvernement afin de créer des espaces ou des biens et services utiles à notre société, dans le respect de l’éthique des affaires et le bon sens économique. N’oublions pas que la crise liée au COVID a modifié en profondeur les conditions de vie des entreprises à la fois sur la scène mondiale, mais aussi sur notre territoire.

Le VSE 219 comprend 6 articles de recherche et une tribune qui mettent en perspective ces problématiques de fond liées à la nécessité de basculer d’une responsabilité sociale des entreprises à une responsabilité sociale des territoires, qui engage chaque acteur de la société à repenser la manière dont il va contribuer à générer de la valeur partenariale, utile sur du court terme, mais aussi favorable pour les générations futures.

Le premier article, écrit par Mohamed Ouiakoub, Omar Bentahar et Smaïl Benzidia intitulé « innovation de modèle d’affaires en entreprises familiales : une approche par les capacités dynamiques », investigue le rôle de l’implication familiale dans l’innovation du modèle d’affaires. Elles s’appuient sur leurs capacités dynamiques, c’est-à-dire à s’appuyer de manière astucieuse et agile sur leurs compétences internes et externes spécifiques. Ces entreprises familiales montrent la voie pour contribuer à générer des modèles d’affaires sources de prospérité.

Le deuxième article, écrit par Lara Poitrin et Emmanuelle Reynaud, intitulé « pourquoi les jeunes mangent-ils si mal ? Analyse de la consommation alimentaire idéale des jeunes et des risques perçus », s’intéresse au phénomène de malbouffe des jeunes générations et aux risques que cela génère sur le plan social et psychologique. Cet article propose des pistes de réflexion utiles aux entreprises du secteur agro-alimentaire ou encore aux pouvoirs publics. La responsabilité sociétale est largement engagée dans la nécessité d’offrir une plus grande gamme de produits sains accessible pour ces publics sensibles. Il est également important de communiquer simplement et clairement sur les qualités nutritionnelles et environnementales des produits proposés à la consommation.

Le troisième article, rédigé par Frédérique Bardinet-Evraert intitulé « nutrition et société : une revue des indicateurs et institutions responsables, proposition d’un modèle de reporting interne pour l’entreprise agroalimentaire », développe un modèle opérationnel de reporting interne utile aux entreprises du secteur agroalimentaire afin de suivre de manière objective les conséquences d’une malbouffe ou celles d’une alimentation saine à l’échelle d’une société. Les entreprises de ce secteur sont particulièrement concernées par cette problématique sociétale et doivent piloter de manière efficace et pertinente les effets sur la santé des citoyens des produits qu’elles proposent à la consommation. Cette méthode permet aux entreprises de répondre aux attentes des parties prenantes, notamment sur les enjeux de développement durable qui intègrent les problématiques de santé publique.

Le quatrième article, écrit par Samuel Pizzato s’intitule « proposition d’un modèle conceptuel de pilotage dans une démarche de responsabilité sociale du territoire », développe un cadre théorique dans lequel figure 4 éléments clés, à savoir les capitaux, les relations entre ces capitaux, l’importance de la gouvernance et les différentes formes de valeurs. C’est dans la compréhension de cette dynamique que la responsabilité sociale des territoires prend forme. La responsabilité renvoie à l’obligation pour une partie prenante de rendre compte de ses actes et de réparer un dommage généré par sa faute. La notion de responsabilité dans cette approche s’étend à l’idée que les actions multi partenariales qui s’inscrivent sur un territoire peuvent contribuer à générer de la valeur globale, utile à l’ensemble de la société. Le modèle conceptuel développé dans cet article montre à la fois la complexité de l’approche RST mais souligne aussi ses enjeux.

Le cinquième article, proposé par Laïla Koukou, Abdelhghani Belakouiri et Doha Sahraoui, s’intitule « contrôle de gestion dans l’hôpital public marocain : pratiques et perceptions », donne une dimension internationale à ce numéro en intégrant les problématiques de management public dans le contexte marocain. Cet article est riche d’enseignements car il montre les défis spécifiques du secteur hospitalier, qui doit intégrer désormais dans ses logiques de fonctionnement des outils du secteur privé. La mise en oeuvre d’un système de contrôle de gestion conduit à une amélioration de la qualité des prestations de soin. Pour autant, ces modifications génèrent des perturbations dans les modalités de fonctionnements organisationnels, institutionnels, réglementaires, financiers mais aussi dans la qualité des relations sociales.

Le sixième article, rédigé par Iheb Jamai s’intitule « le processus de transfert de connaissances entre les filiales et leur maison-mère : cas de BNP Paribas et UBCI », propose d’envisager les questions de transfert des connaissances de manière plurielle. En effet, ces modalités d’échanges ne doivent pas être étudiées de manière linéaire et descendante, mais intégrer toutes les diversités d’échanges : entre la maison-mère et ses filiales, mais aussi entre les filiales, ou encore des filiales vers leur maison-mère. L’article détecte trois étapes clés dans ces processus : la formulation, la combinaison et l’intériorisation. Cet article apporte un éclairement intéressant sur la manière dont ces grandes organisations pensent leurs activités managériales sur la scène internationale et ouvrent des espaces de transfert de bonnes pratiques qui se diffusent largement.

Finalement, la tribune est proposée par Danielle-Gabrielle Tremblay à travers l’article qui s’intitule « l’organisation de demain : télétravail et modèle hybride », montre les changements concernant les conditions de travail intervenus suite à la pandémie. Cette crise sanitaire mondiale a marqué un point de rupture sur la qualité de la relation à l’emploi et sur la manière dont les individus pensent leurs activités. Le télétravail s’est généralisé et devient un élément essentiel de management puisque les collaborateurs souhaitent désormais télétravailler au moins 2 à 3 jours par semaine. Les organisations s’orientent donc vers des modèles de travail hybride et de nouvelles façons de concevoir le lieu de travail. Cette étude présente l’intérêt d’investiguer les conséquences du télétravail dans les secteurs privés, publics, ou associatifs.

Chers lecteurs, merci pour l’intérêt que vous porterez à ce numéro.